Les Rameaux

Holy Week. Traditional Catholic celebrate Palm Sunday. Christian faith.

Le dimanche des Rameaux est une des fêtes les plus populaires dans le calendrier liturgique. Les fidèles entendront souvent les prêtres se désoler : “Ah !Si les églises étaient toujours aussi remplies qu’elles le sont lors des rameaux …” Si cette fête est encore très plébiscitée c’est certainement parce que les membres de l’assemblée peuvent repartir avec leurs rameaux bénis pour se porter chance tout au long de l’année. Ce rameau n’est-il vraiment qu’un porte bonheur ? Quel est le vrai sens liturgique de cette fête ? A quoi les rameaux servent-ils durant la célébration ? Pourquoi les ramener chez nous ? Ce sont autant de questions que nous nous poseront tout au long de notre réflexion.

Les rameaux dans le récit de la passion

Le nom liturgique de la fête des rameaux est “le dimanche des rameaux et de la Passion”, cette célébration s’inscrit donc pleinement dans le récit de la Passion, c’en est même l’élément déclencheur. C’est pour cela que durant cette messe nous pouvons écouter tout le récit de la passion, célébrer le contraste saisissant d’une entrée triomphale dans la joie et la liesse, suivie d’une mort sur la croix, dans la honte, comme le dernier des brigands.

Une semaine avant sa mort sur la croix, Jésus entre donc dans Jérusalem, monté sur un petit âne. “vous trouverez à l’attache, un ânon que personne au monde n’a jamais monté ; détachez-le et amenez-le” (Lc 19-30)

Ce choix de monture est déjà évocateur en lui-même car en hébreux, le terme utilisé pour désigner l’ânon et la foule est identique, Jésus est donc porté symboliquement par une foule. Une foule qui représente les nations païennes non initiées à l’amour de Dieu et qui, n’ayant jamais eu de maître, est disposée à recevoir et suivre l’Evangile.
Par cette simple phrase, nous pouvons donc comprendre que la fête des rameaux nous incite à être tous dans la joie de cette arrivée du Christ parmi nous.

La foule l’acclame comme s’il était un roi, un héros, en criant “Hosanna” ce qui veut dire “Sauve nous maintenant”. Véritable cri du cœur des habitants de Jérusalem, qui ont eu vent de la résurrection de Lazare. C’est cette entrée triomphale qui scelle le destin de Jésus devenu trop dangereux aux yeux des Pharisiens.

Jésus connaît son destin et accepte son sort, montrant ainsi que la vraie royauté se vit dans le don de sa vie pour les autres, son humble monture le prouve encore.

A l’image des habitants de Jérusalem, nous devons accueillir Jésus dans notre cœur comme un roi mais ne pas perdre de vue le sacrifice auquel cela nous conduira. Le rameau est donc le signe physique introduit au fil des siècles par les chrétiens pour nous aider à revivre ces émotions contrastées.

L’origine du rameau

Le rameau était traditionnellement utilisé durant l’antiquité pour acclamer les héros et les rois, pour les habitants de Jérusalem qui voulaient proclamer la royauté de Jésus, le choix du rameau était donc empli de symbolique.
Les premières traces chrétiennes attestées des rameaux remontent au IVe siècle, où les chrétiens convergeaient vers Jérusalem avec des palmes en souvenir de l’arrivée du Sauveur. Mais il faut attendre le IXe siècle pour assister aux premières bénédictions qui confèrent alors aux rameaux une vertu protectrice. En provence, par exemple, il était de tradition que Parrains et Marraines en offrent à leurs filleuls.

Le rôle du rameau dans la célébration

Nous avons dit, que le rameau était le signe physique qui nous aide à revivre la joie des habitants de Jérusalem devant l’arrivée de leur sauveur. Nous pouvons aller encore plus loin que cela car Jésus, après la bénédiction de nos rameaux et la procession d’entrée dans l’église, est réellement présent au milieu de nous et c’est lui que nous acclamons comme toutes les générations de chrétiens avant nous.

La procession des rameaux nous incite aussi à entrer dans l’église, à nous mettre en marche vers la messe, la Passion et le mystère pascal. Une fois la messe entamée, les rameaux laissent donc peu à peu place à la Passion et à Pâques

Le rôle du rameau dans notre maison

D’ailleurs, encore aujourd’hui en Alsace, la tradition veut que les enfants plantent leur bouquet de rameaux dans le jardin et qu’ils les laissent jusqu’au matin de Pâques pour offrir un abri au lapin de Pâques venu couver les œufs déposés par les cloches revenues de Rome de la résurrection. Cette tradition met bien en avant le passage du rameau vers la Pâque.

Mais tout comme ils ne sont pas un simple faire valoir lors de la messe, les rameaux ne sont pas que des porte-bonheur ou des objets traditionnels dans nos maisons.

Ils ornent les croix de nos maisons en signe de vénération et de confiance envers un christ ressuscité et ils représentent surtout notre chemin vers la vie éternelle.

Expliquons nous : les rameaux sont bénis lors de la messe des rameaux puis ils sont présents dans nos maisons tout au long de l’année pour nous rappeler au quotidien notre marche constante vers la résurrection, ils nous connectent à la passion. De plus, ils nous rappellent le cycle de la vie car les végétaux fanent et nous les brûlons au mercredi des cendres. Cet éternel recommencement permet non seulement de boucler un cycle mais aussi de créer un nouveau cycle à partir des cendres du précédent et donc d’avancer comme dans une spirale vers la vie éternelle. Ainsi nous lions le cycle de la vie au cycle de l’année liturgique mais aussi à la source de vie qu’est le Christ.

Finalement, les rameaux ne sont pas que des porte-bonheur mais bien le signe physique du seul porte-bonheur des chrétiens : le Christ !

Pour terminer notre réflexion, nous pourrons relire la proclamation solennelle prononcée lors de la messe des rameaux :

“Frères bien aimés, Pendant quarante jours, nous avons préparé nos cœurs par la prière, la pénitence et le partage ; et nous voici rassemblés au début de la semaine sainte pour commencer avec toute l’Eglise la célébration du Mystère pascal. Aujourd’hui, le Christ entre à Jérusalem, la Ville sainte, où il va mourir et ressusciter. Mettons toute notre foi à rappeler maintenant le souvenir de cette entrée triomphale de notre Sauveur ; suivons-le dans sa passion jusqu’à la croix pour avoir part à sa résurrection et à sa vie.”

Sources :
https://www.catholique78.fr/priercelebrer/liturgie/les-celebrations-specifiques/la-messe-des-rameaux/

Si pâques m’était conté. de Jocelyne Tarneaud, Cariscript, 2007

Publié le 23 mars 2024